vendredi 20 février 2015

Europe : la chronique de War Of Kings




Avec War Of Kings, Europe livre, mine de rien, son dixième album studio ! Un nouveau jalon dans une carrière déjà bien remplie, et un jalon aussi significatif que The Final Countdown en son temps, en ce qu’il définit parfaitement ce qu’est l’essence du groupe. A savoir une formation de classic rock qui se bonifie avec le temps et qui assume de plus en plus ouvertement les influences que sont Thin Lizzy, Led Zeppelin, Deep Purple ou Black Sabbath. Pour enregistrer ce disque, Joey Tempest et ses pairs ont fait appel à Dave Cobb, le producteur de Rival Sons (sans doute le plus digne héritier de Lep Zep à l’heure actuelle et l’un de ces groupes qui portent fièrement le flambeau du rock). La collaboration est auditivement une réussite ! Cobb, en effet, a permis à nos Suédois de donner plus de rugosité à leurs compos, tout en faisant bien ressortir l’atmosphère et la spécificité de chacune. Pour cela, il a amené le groupe à laisser transpirer davantage ses racines blues (Angels (With Broken Hearts), Praise You), à enrichir sa palette sonore (Ah, ce son de fuzz en intro de Praise You ou cette Wah sur Hole in my Pocket !), à donner plus de place aux claviers de Mic Michaeli (comme sur California 405) et sans doute à retrouver l’étincelle juvénile qui lui a fait prendre les « armes » dans les années 80 pour conquérir le monde (Light Me Up, avec sa partie de batterie bien fournie et son riff speedé, illustre bien cet état d’esprit). Dans le lot des 11 chansons, 7 Days OF Rock n Roll est l’une de celles qui s’ancrent le plus facilement dans le cerveau, avec son riff élégant et tubesque, sa rythmique galopante (comme à la grande époque) et sa vibe très positive à la Thin Lizzy. Le single War Of Kings n’est pas mal non plus dans le genre, avec son riff pesant et sombre à souhait, ses arpèges aériens en pré-refrain (joliment filtrés par un cabinet Leslie) et son solo ultra-mélodique. En fin d’album, l’instrumental Vasastan (du nom d’un quartier de Stockholm) vient rappeler que John Norum ne manque pas de feeling et qu’il peut convoquer l’esprit de Gary Moore en quelques notes. Les esprits chagrins pourront trouver cet album un peu pépère et pas très novateur (plus classic rock, tu meurs). Mais il a pour lui sa sincérité et cette qualité qui fait les grands albums : à chaque écoute, on l’apprécie davantage ! Et surtout, il donne à entendre un Europe qui n’a sans doute jamais sonné aussi vrai, avec un Joey Tempest très en forme vocalement !
Note : 4,5/5

jeudi 18 septembre 2014

Vidéo et TAB pour l'intro de "This Is Where You Can Reach Me Now" de U2



Sur Songs of Innocence, le nouvel album de U2, j'aime particulièrement le morceau "This Is Where You Can Reach Me Now". L'intro à la guitare, notamment, est une petite merveille. Je n'ai donc pas résisté à l'envie de la repiquer, de la jouer et d'en faire une vidéo et une tablature. Enjoy !

vendredi 3 janvier 2014

Batterie de cuisine : l'interview de Björn Fryklund



Freak Kitchen – Interview de Björn Fryklund 


Batterie de cuisine ! ! !


Une courte version de cette interview a été publiée en mars 2003 dans Batteur Magazine n°156. Allez savoir pourquoi, j'ai eu envie d'exhumer ce document de mes archives et de le publier ici dans son intégralité. Enjoy !

Dans la catégorie « heavy metal inventif, mélodique et déjanté », Freak Kitchen (la cuisine monstre ?) est assurément le groupe suédois qui monte. Björn Fryklund en est le nouveau batteur. Un batteur puissant, créatif et doté d’une parfaite maîtrise du groove, comme on peut l’entendre sur l'album Move. Encore méconnu, l’homme mérite franchement qu’on s’intéresse à lui. Nous sommes donc allés le rencontrer sur ses terres suédoises, non loin de Göteborg.

A quand remonte ton premier contact avec la musique et la batterie ?
Mon père est musicien. Il a toujours joué de la guitare dans des groupes inspirés des Shadows ou des Spotnicks. J’ai donc grandi dans une atmosphère très musicale. Et je crois que c’est vers l’âge de 9 ans que je suis vraiment tombé dedans, quand j’ai commencé à écouter des groupes de rock comme Sweet et Kiss… Kiss, bien sûr, était pour moi le plus grand groupe à l’époque. Je me souviens, j’avais une cassette de leur premier album live, avec un long solo de batterie de 10 ou 12 minutes sur «100,000 Years ». Je l’ai appris par cœur et, en suite, je suis allé voir ma mère avec une paire de baguettes que j’avais trouvée dans le local de répé de mon père. J’ai mis la cassette et j’ai mimé intégralement le solo pour elle. C’est à ce moment-là que l’idée de m’acheter une batterie a dû faire son chemin dans son esprit. Et je l’ai eu pour mes dix ans !

Te souviens-tu encore de la marque, du modèle ?
Bien sûr ! C’était une Sonor, avec une grosse caisse de 20’’, un tom de 13’’, un tom bass de 16’’ et une ride Meinl de 20’’. Il y avait aussi des charlestons de 11’’ d’une marque bizarre. Question couleur, elle était superbe, genre bronze pailleté !

Quand es-tu passé aux choses sérieuses sur le plan musical ?
Vers l’âge de 16 ans. Je venais de passé deux années dans un groupe – Catch-22 – et j’en ai eu ma claque, parce que je voulais vraiment passer à la vitesse supérieure et m’améliorer. Mais les autres persistaient à vouloir jouer une espèce de reggae-punk assez chiant. Heureusement, j’ai fait à ce moment-là la connaissance d’un excellent guitariste, à Arvika, dans la ville où je suis né. Il jouait des trucs genre Van Halen et j’adorais ça. J’allais partout où il faisait des concerts. Un jour, je l’ai abordé au magasin de disque et je lui ai proposé de jouer avec moi. Il a accepté, et c’est comme ça que j’ai pu monter mon premier vrai groupe. C’était un groupe du genre Van Halen ou Motley Crüe, avec tout ce qui va avec : les futals tigrés et un chanteur avec un ego gros comme ça ! Mais c’était vraiment cool ! A cette époque, j’empruntais autant de matos que je pouvais pour me faire un kit monstrueux, avec 50 fûts autour de moi (rires).

As-tu suivi un cursus musical particulier ?
Je n’ai pas pris de leçon avant l’âge de 16 ans. Mais je me suis rattrapé par la suite. J’ai commencé par prendre des cours particuliers pendant deux ans. Puis, j’ai passé mon bac et j’ai obtenu un poste de prof de batterie. J’y suis resté pendant deux ans, puis j’ai intégré l’école de jazz de ma ville, où j’ai étudié le jazz et la fusion pendant encore deux ans. C’est là que j’ai vraiment commencé à travailler la lecture et l’oreille, à la fois sur le plan mélodique et rythmique. C’est là aussi que j’ai commencé à structurer mes connaissances et à bosser de manière cohérente.

Cette école a-t-elle été déterminante pour ton apprentissage musical ?
Oui ! Je m’en suis rendu compte quand je suis allé en Californie en 1992, au Musician Institute. J'ai passé un an et demi là-bas. Et grâce à mes deux années en école de jazz, j’étais vraiment prêt à affronter les cours, en particulier au niveau de la lecture. Ça m’a laissé plus de temps pour me consacrer à des choses plus importantes à l’extérieur de l’école, comme jouer dans un groupe. Si je n’avais pas fait ces deux années, je serais resté empêtré dans les cours sans pouvoir réellement en tirer profit.

A ton avis, c’est important pour un batteur de savoir lire et écrire la musique ?
Si tu veux transcrire facilement des chansons ou pouvoir accepter des sessions où on te prévient le jour pour le lendemain, alors oui, c’est très utile de maîtriser la lecture et l’écriture musicale.

Tu conseillerais donc aux jeunes batteurs de ne pas passer à côté de cet apprentissage…
C’est à chacun de voir, parce qu’on ne peut forcer personne dans ce domaine. Il faut s’y mettre quand on est prêt à le faire. Et ça n’a rien d’obligatoire. Mais pour celui qui veut en faire son métier, c’est plus que conseillé.

« Freak Kitchen joue des chansons pop
avec des arrangements heavy et subtils »


Parles-nous maintenant de Move, le nouvel album de Freak Kitchen. Comment le décrirais-tu pour inciter les gens à l’écouter ?
Je dirais d’abord que c’est un album avec un son chaleureux, puissant. Avec un jeu intense et déterminé aussi… Je dirais ensuite que les chansons sont très mélodiques, mais avec les inévitables surprises ou bizarreries propres à Freak Kitchen. Enfin, je dirais qu’il y a un gros boulot sur les arrangements, ce qui donne à l’album un côté frais et attrayant, tout en lui laissant le son typique d’un trio…

Est-il vraiment possible de définir le style musical de Freak Kitchen sur cet album ?
Oui, ça doit pouvoir se faire… Pour moi, Freak Kitchen joue des chansons pop avec des arrangements heavy et… néanmoins subtils ! Le tout sérieusement épicé avec l’incroyable jeu de guitare de Mattias IA Eklundh !

Quelles sont les chansons dont tu es le plus fier ?
Alors là, désolé, impossible de faire un choix ou un classement par ordre de préférence ! Je pense jouer d’une manière très musicale et, surtout, de mon mieux sur toutes les chansons. Mais bon, pour faire un effort, je dirais que j’ai un petit faible pour Heroin Breakfast qui repose sur des parties très variées et très intéressantes. J’aime beaucoup écouter et jouer cette chanson.

Dans quelles conditions as-tu enregistré tes parties de batterie ?
On a fait ça au tout début. Nous sommes allés au Danemark, chez Torben Schmidt, notre manager, et nous avons installé la batterie dans son garage qui a un son d’enfer. Et ensuite, ça a été très très vite, parce que j’ai tout mis en boîte en un jour et demi seulement ! Pour te dire, on avait prévu initialement une semaine pour enregistrer la batterie… (rires) Mais j’avais tellement envie de jouer qu’une fois lancé, je n’ai pas pu m’arrêter. Mattias m’a pourtant dit que je pouvais prendre mon temps, qu’il n’y avait pas de problème de planning ou d’argent… Mais j’avais une patate d’enfer, et je voulais jouer, jouer et encore jouer ! Donc, je finissais une chanson et, aussitôt, je demandais à enchaîner avec la suivante ! De la folie ! Mais avec le recul, je n’ai aucun regret. Je suis même plutôt satisfait de ma performance.

Venons-en à Freak Kitchen. De quelle manière as-tu rejoint le groupe ?
Le parcours qui m’a conduit jusqu’à Freak Kitchen est vraiment intéressant. Ce qui est drôle, c’est qu’il a fallu que Mattias m’appelle pour que je cherche ce que j’avais vraiment envie de faire et le domaine dans lequel j’étais le meilleur. Pendant 10 ans, j’ai fait énormément de sessions, dans tous les styles possibles. Ça m’a été très profitable, puisque ça m’a permis d’élargir ma culture musicale et de devenir très polyvalent. Mais au cours de cette période, je ne me suis jamais demandé une seule fois ce que je souhaitais réellement faire. Heureusement, c’est soudainement devenu très évident quand Mattias m’a appelé et m’a demandé de prendre la place laissée vacante par Joakim Sjöberg.

Tu peux donc dire maintenant : « ça y est, j’ai trouvé le groupe que je cherchais »
Absolument ! Freak Kitchen a l’énergie, la puissance, les petites subtilités et les bonnes chansons que je recherchais, tout ça mélangé ensemble. Exactement ce qui convient à mon jeu !

« Le plus important avec Mattias, et aussi le plus difficile,
c’est la recherche du groove parfait »

Est-il facile de suivre la folie « zappaïenne » et la créativité débordante de Mattias IA Eklundh ?
Ça dépend, mais globalement, je dirais que oui. Dès le premier contact avec la musique de Freak Kitchen – un concert auquel j’ai assisté à Stockholm en 96 -, j’ai eu le sentiment étrange que Mattias était quelqu’un qui abordait la musique un peu de la même façon que moi. Du coup, je me suis très vite attaché à la musique et j’ai été fan pendant 4 ans avant de rejoindre le groupe. Dès que je me suis retrouvé au sein de Freak Kitchen, j’ai très vite vu que nous étions effectivement sur la même longueur d’onde, avec le même grain de folie.

Y a-t-il des choses qui te paraissent difficiles à appréhender dans la musique de Mattias ?
(Posément) Non. Le plus important avec Mattias, et aussi le plus difficile, c’est la recherche du groove parfait. C’est trouver ce qui convient le mieux à chacune des parties d’une chanson. Et très souvent, cela revient à enlever des trucs, plutôt qu’à en ajouter. Il y a beaucoup de batteurs qui ont tendance à en mettre partout, du genre : « Attention, c’est moi que v’là ! ». Mais avec Mattias, ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il faut, au contraire, construire le rythme à partir de rien et s’assurer qu’on a simplement le bon groove pour commencer. Une fois qu’on dispose de cette base, on peut s’amuser et ajouter tous les petits détails qui rendent la chanson vraiment intéressante. Ça ne me gêne pas de travailler comme ça, parce que je conçois avant tout mon jeu comme étant au service de la musique, des chansons, et non de mon ego. Avant de jouer, j’essaye donc d’imaginer comment tous les éléments vont sonner une fois ensemble et je vois comment je peux m’y insérer au mieux.

Quel regard portes-tu sur les variations de tempos, les brusques changements de style, les mesures impaires et toutes les autres gâteries rythmiques dont Mattias truffe ses chansons ? Vois-tu ça comme un jeu ?
Oui, parfois. Ce qu’il y a de drôle avec ça, c’est que certains groupes sont à fond dans ce trip et cherchent absolument à construire leurs chansons sur des divisions bizarres du temps. À ce moment-là, ça devient des maths ! Mais ça peut être très cool… tu joues tout le temps hyper concentré, tu comptes pour savoir où tu en es. Faut aimer ! Pour ce qui est de la manière dont Mattias et moi abordons les choses, ça reste toujours très musical et ça vient comme ça dans la chanson. Et ça ne se sent pas forcément à l’écoute. Souvent, d’ailleurs, c’est en réfléchissant après coup aux chansons – en particulier pour les transcriptions - que je me rends compte qu’elles comportent des mesures inhabituelles, du genre 5/4, 5/8, 7/8, 9/8, 9/16, 13/16, etc. Mais j’en ai rarement conscience sur le moment, parce que c’est naturel et joué d’une manière tout à fait fluide.

As-tu ton mot à dire dans l’élaboration de la musique de Freak Kitchen ?
Oui, heureusement ! Ce qui est génial, maintenant que je ne joue plus avec un million de groupes différents, c’est que je peux vraiment développer mon propre son. Je peux avoir le même kit et le même réglage tous les jours, et ça aide à trouver des repères, à se forger une identité musicale propre. Du coup, on peut clairement entendre le son de Björn dans la musique de Freak Kitchen. Et c’est super ! Avant, en fonction du concert ou de la session que j’avais à faire, il fallait que je me décide entre tel tom bass, telle cymbale jazz, etc. Ce qui fait que je ne me suis jamais senti réellement à l’aise avec aucun de mes set-up jusqu’ici. Mais aujourd’hui, le problème est résolu et je suis prêt à jouer 25 ans avec Freak Kitchen (rires) !

« Freak Kitchen est un groupe qui te pousse constamment à avancer, en particulier dans le domaine de la pensée musicale »

Est-ce que tu penses avoir progressé depuis ton arrivée dans le groupe ?
Oui, bien sûr ! Freak Kitchen est un groupe qui te pousse constamment à avancer, en particulier dans le domaine de l’approche, de la pensée musicale. Il t’amène naturellement à jouer des parties qui sont belles, efficaces et intéressantes. Et il te dissuade de jouer des trucs inutiles, le genre qu’on fait juste pour le plaisir ou la frime.

T’es-tu senti rapidement à l’aise avec le répertoire de Freak Kitchen qui, dans l’ensemble, a été écrit avec un autre batteur ?
Aucun problème ! En tant que fan, j’ai dû écouter chaque chanson au moins cinq millions de fois ! (rires) Du coup, j’avais toutes les parties en tête quand j’ai rejoint de groupe et ça a été très facile, même dès les premières répétitions. J’ai juste eu à bien me caler dans le groove et à trouver mes marques avec Mattias.

As-tu été libre de récréer certaines parties à ta sauce ou bien Mattias t’a-t-il demandé de jouer les morceaux à l’identique ?
Mattias m’a laissé parfaitement libre de faire ce que je voulais. Mais j’ai un peu la maladie des batteurs de studio… Je cherche toujours à reproduire le toucher du batteur précédent pour que les chansons restent reconnaissables par le public. Je garde certains fills ou certains grooves typiques de Joakim et je cherche le plus possible à préserver l’identité originale des morceaux, surtout de ceux qui sont très typés Freak Kitchen. Je ne débarque pas pour détruire tout ce qui a été fait auparavant. Simplement, je commence en jouant la même chose que Joakim et, puis progressivement, j’ajoute ma patte ici et là.

Quels changements apportes-tu par rapport à son jeu ?
Je suis ancré plus profondément et plus solidement dans le groove. Je joue aussi de la double pédale, contrairement à lui. Et puis, j’utilise un peu plus de sons qu’il ne le fait. Mais la différence essentielle, c’est que je suis davantage au fond du temps, alors que lui se situe au top avec beaucoup d’énergie.

Dirais-tu aussi que ton jeu est plus typé heavy metal ?
Certains auront tendance à dire que c’est plus heavy, à cause de l’utilisation de la double pédale. Mais je ne crois pas que ce soit vraiment le cas. Je suis simplement plus ferme, plus solide dans mon jeu. Et c’est vrai, je frappe fort ! (rires)


« Je n’écoute pas tellement les batteurs.
Je tire plutôt mon inspiration des guitaristes »

Qui sont tes batteurs préférés ?
 Pour commencer, il y a bien sûr Peter Criss de Kiss. C’est le batteur qui m’a donné l’envie de m’y mettre. Mais au vu de ce qu’il a fait ces dernières années, je ne suis plus très sûr qu’il soit encore une de mes références (rires) ! Après lui, je me suis intéressé à Ian Paice de Deep Purple. Et puis à des gars comme Alex Van Halen, Tommy Aldridge et d’autres dans le genre… Mais pour tout dire, je n’écoute pas tellement les batteurs. Je tire plutôt mon inspiration des guitaristes (rires) ! Et ce qui est marrant, c’est que Mattias tire davantage la sienne des batteurs… va comprendre ! Mais bon, il y a quand même des batteurs qui sont au-dessus du lot et qui retiendront toujours mon attention, comme Dennis Chambers ou Kirk Covington de Tribal Tech.

Tu parlais de guitaristes… Quels sont ceux alors qui t’inspirent ?
Ouh, la liste est très longue, et ce, même si j’ai la chance de côtoyer tous les jours Mattias IA Eklundh en personne ! Si on prend uniquement les premiers de cette liste, il y a Ritchie Blackmore, Gary Moore, Yngwie Malmsteen, Steve Vai, Joe Satriani ou encore Tony MacAlpine…

Que des shredders, en fait !
Absolument ! J’ai toujours été fasciné par tous ces mecs qui ont une parfaite maîtrise de la technique et du son. Et pour être totalement franc, j’en suis jaloux à mort, parce que j’adorerais jouer de la guitare comme eux. J’ai beau être un batteur, j’ai toujours adoré la musique basée sur les guitares !

Tu écoutes uniquement du hard ou d’autres styles de musique ?
J’écoute des musiques très différentes, comme nous le faisons tous d’ailleurs dans le groupe. Et j’essaye de retire quelque chose d’intéressant de chaque style, du jazz à la fusion, en passant par la folk music ou la country. J’écoute également un peu de musique indienne. J’ai acheté un live de Shakti que j’ai beaucoup écouté lors de notre dernière tournée en France, et vraiment, j’aime beaucoup !

En dehors de Freak Kitchen, tu as récemment collaboré avec Stefan Elmgren, le guitariste d’Hammerfall. Parles-nous de ce projet…
Stefan et moi avons fait le Musician Institute en même temps. Et là-bas, il m’a vu jouer avec un de mes trios, qui s’appelait Spicy Spiders. Et il s’est dit qu’il aimerait bien jouer un jour avec le bassiste et moi-même. Dix ans après, il nous a rappelés pour nous dire qu’il préparait un album solo et pour nous demander d’y participer. J’ai accepté et il m’a envoyé un CD avec toutes ses chansons, ainsi que les parties de batterie qu’il avait programmées sur une boîte à rythmes. Il m’a dit : « Ecoute les chansons et joue comme tu le sens, avec ton propre style ». En écoutant, je me suis rendu compte qu’il valait mieux que je colle à ce qu’il avait fait, parce que c’était très bien programmé et parce que ça collait parfaitement à son style musical, qui reste évidemment proche de celui d’Hammerfall. J’ai retranscrit toutes les chansons sur papier et j’ai tout joué en studio à partir de mes notes. Et ça n’a pas été plus que compliqué que ça ! A l’arrivée, ça donne un album de heavy metal pur jus.

Je suppose que ton jeu de batterie y est différent de celui qu’on entend avec Freak Kitchen…
Oui, c’est très différent. Le travail d’un batteur sur un album comme celui-ci n’est pas aussi créatif qu’il peut l’être sur un album de Freak Kitchen. C’est très ancré dans le heavy metal, avec seulement trois ou quatre beats différents, ce qui est un peu rébarbatif pour moi. Mais attention ! j’aime quand même beaucoup les parties de batterie sur ce disque. C’est très athlétique, avec des tempos rapides qu’il faut tenir en permanence. Idéal pour faire un peu de muscu ! (rires)

« Heureusement, il existe quelques batteurs, très rares,
qui parviennent à préserver la musique dans leurs solos »

Est-ce que le solo de batterie en concert, c’est ton truc ?
Habituellement, non ! Mais j’ai été obligé de le faire dans certains groupes où on jouait des trucs des sixties, avec solos obligatoires à tel ou tel endroit. Autant dire que j’étais moyennement inspiré ! En fait, je n’aime pas tellement cet exercice, parce que je préfère nettement démontrer mes capacités de musicien dans le cadre des chansons.

Ça se résume à faire son petit quart d’heure de frime, pour toi ?
Ouais, un peu… J’ai vu tellement de batteurs craignos se ridiculiser comme ça ! Ou pire, tellement de bons batteurs s’embarquer dans des solos sans intérêt ! C’est très chiant et pas du tout musical ! Heureusement, il existe quelques batteurs, très rares, qui parviennent à préserver la musique dans leurs solos et qui sont capables de poursuivre la chanson rien qu’avec la batterie. Ça fait toute la différence et ça s’entend ! Il y a une structure qui reste perceptible, et par-dessus, une improvisation. Et ça, ça peut être génial. Mais quand le solo se limite à un enchaînement de roulements, c’est affreusement pénible ! On a l’impression d’entendre un soundcheck !

Tu peux nous décrire ton kit ?
Il est assez curieux, parce qu’il est composé de plusieurs marques. Quand je trouve un fût qui me convient, je le garde ! Et peu importe qu’il soit bleu, blanc ou vert… l’important, c’est le son ! Et je raisonne de la même façon pour les cymbales.
A la base, c’est un kit Sonor Designer avec une grosse caisse de 22’’, des toms de 10’’ et 13’’ et un tom bass Yamaha 16 x 16. C’est celui-là que j’ai eu le plus de mal à trouver. Il provient de mon premier kit pro et il sonne mieux que tout ce que j’ai pu essayer. Côté caisse claire, j’ai une regular brass et une petite Pearl soprano qui me donne un son différent, un peu plus aigu. Comme j’aime bien avoir des sons différents sous la main, j’ai aussi deux paires de charleston. Pour ce qui est des autres cymbales, j’ai deux crashes, une china et une splash. Et puis, j’ai ces deux cymbales spéciales – qui sont cassées, en fait -, que j’ai posées l’une sur l’autre et boulonnées. Elles me permettent d’avoir un son cours et percutant que je peux mélanger avec le son plus long des crashes. Elles sont parfaites pour coller au jeu de Mattias qui joue d’une manière très rythmique.

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à de jeunes batteurs qui voudraient s’améliorer rapidement ?
Restez ouverts et intéressez-vous à tous les styles musicaux. Ne vous enfermez jamais dans un style en disant : « Je refuse de jouer ça et ça ». Pour ma part, j’ai appris beaucoup en gardant cette ouverture d’esprit et en jouant avec le même enthousiasme des styles très différents, avec des musiciens tout aussi différents. Vous retirerez toujours quelque chose d’une approche comme celle-là, peu importe le genre vers lequel vous vous orienterez finalement.

Avec les compliments du chef !

Mattias IA Eklundh ne tarit pas d’éloges sur son nouveau batteur. La preuve avec ces compliments saisis à la volée :
  • « Avant de rencontrer Björn, je pense que je ne savais pas réellement ce qu’était un bon groove ».
  • « Le jeu de Björn n’a pas seulement amélioré les parties de batterie dans Freak Kitchen. Il a aussi amélioré le jeu de guitare. Et puis, il a apporté beaucoup au chant, parce que c’est beaucoup plus facile de chanter sur un bon rythme bien solide ».
  • « Björn est très constant dans son jeu. Sur scène, il peut te faire un break de deux heures et toi, tu sais qu’il terminera toujours sur… un ! C’est très rassurant. Il est comme une machine puissante qui avance avec régularité, sans que rien ne puisse l’arrêter ».
  • « C’est un type étrange et curieux. Il est solide comme un roc, mais aussi complètement timbré musicalement ».