Avec War Of Kings, Europe livre, mine de rien, son dixième
album studio ! Un nouveau jalon dans une carrière déjà bien remplie, et un
jalon aussi significatif que The Final Countdown en son temps, en ce qu’il
définit parfaitement ce qu’est l’essence du groupe. A savoir une formation de
classic rock qui se bonifie avec le temps et qui assume de plus en plus
ouvertement les influences que sont Thin Lizzy, Led Zeppelin, Deep Purple ou
Black Sabbath. Pour enregistrer ce disque, Joey Tempest et ses pairs ont fait
appel à Dave Cobb, le producteur de Rival Sons (sans doute le plus digne
héritier de Lep Zep à l’heure actuelle et l’un de ces groupes qui portent fièrement
le flambeau du rock). La collaboration est auditivement une réussite !
Cobb, en effet, a permis à nos Suédois de donner plus de rugosité à leurs
compos, tout en faisant bien ressortir l’atmosphère et la spécificité de chacune.
Pour cela, il a amené le groupe à laisser transpirer davantage ses racines
blues (Angels (With Broken Hearts),
Praise You), à enrichir sa palette sonore (Ah, ce son de fuzz en intro de Praise You ou cette Wah sur Hole in my Pocket !), à donner plus de
place aux claviers de Mic Michaeli (comme sur California 405) et sans doute à retrouver l’étincelle juvénile qui
lui a fait prendre les « armes » dans les années 80 pour conquérir le
monde (Light Me Up, avec sa partie de
batterie bien fournie et son riff speedé, illustre bien cet état d’esprit).
Dans le lot des 11 chansons, 7 Days OF
Rock n Roll est l’une de celles qui s’ancrent le plus facilement dans le
cerveau, avec son riff élégant et tubesque, sa rythmique galopante (comme à la
grande époque) et sa vibe très positive à la Thin Lizzy. Le single War Of Kings n’est pas mal non plus dans le genre, avec son riff
pesant et sombre à souhait, ses arpèges aériens en pré-refrain (joliment filtrés par un cabinet
Leslie) et son solo ultra-mélodique. En fin d’album, l’instrumental Vasastan
(du nom d’un quartier de Stockholm) vient rappeler que John Norum ne manque pas
de feeling et qu’il peut convoquer l’esprit de Gary Moore en quelques notes. Les
esprits chagrins pourront trouver cet album un peu pépère et pas très novateur
(plus classic rock, tu meurs). Mais il a pour lui sa sincérité et cette qualité
qui fait les grands albums : à chaque écoute, on l’apprécie davantage !
Et surtout, il donne à entendre un Europe qui n’a sans doute jamais sonné aussi
vrai, avec un Joey Tempest très en forme vocalement !
Note : 4,5/5